Sommaire
L’enquête INCA2, exploitée par le Credoc (Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie), apporte de nouvelles données concernant la consommation de compléments alimentaires en France.
Elle met en évidence qu’en raison de la baisse des besoins énergétiques et de l’évolution des comportements alimentaires, les apports en nutriments sont de moins en moins bien couverts et elle ajoute que ces déficiences ne feront que s’accroître.
Les compléments alimentaires sont destinés notamment à compléter ou pallier les déficiences en vitamines et minéraux, dans le but de rester en bonne santé et de prévenir certains désagréments liés à ces déficiences.
Pour évaluer les déficiences nutritionnelles, l’enquête s’est basée sur les Besoins Nutritionnels Moyens (BNM). Les limites de sécurité sont celles établies par l’EFSA et ont été appliquées sur les apports nutritionnels de la population concernent 19 nutriments.
L’enquête a également calculé :
- leur taux de pénétration (vitamines et minéraux, plantes et éléments naturels, oméga3)
- leurs apports nutritionnels
- leurs contributions à l’apport nutritionnel total
Il est ainsi clairement mis en évidence la relation entre la consommation de compléments alimentaires et une diminution du risque de déficience.
Déficiences de la population française
La population française n’est pas homogène dans ses besoins nutritionnels. L’âge et le sexe influent naturellement sur les mécanismes métaboliques rendant certains nutriments plus nécessaires. De même, les enfants ont des besoins spécifiques du fait de leur croissance.
Le risque de déficience évolue différemment avec l’âge et avec les nutriments
On observe en effet :
- Une tendance à l’augmentation du risque sur le calcium et les vitamines B1 et B6.
- Une tendance à une diminution du risque pour la bêta-carotène et la vitamine B9.
- Dans la majorité des cas, les déficiences atteignent un maximum entre 18 et 24 ans.
Une inégalité dans les déficiences en nutriments
Malgré le risque de déficiences relativement généralisé sur certains nutriments comme le Fer, le magnésium et le calcium, il est possible de distinguer certaines sous-populations particulièrement touchées.
Les femmes sont plus particulièrement touchées par le risque de déficience : la proportion de femmes adultes à risque de déficience en iode est nettement plus élevée que chez les hommes (35% contre 0%). Chez les jeunes femmes de 25 à 34 ans, la proportion atteint même 70%.
Les femmes suivant un régime courent plus de risque de carence : l’enquête est catégorique : « Les populations suivant un régime alimentaire hypocalorique à finalité amaigrissante ou non, voient leur risque de déficience augmenter. »
Elle conclue que près de 80 % des personnes aux faibles apports ne respectent pas les besoins nutritionnels moyens du magnésium, et environ 71% de l’iode et du rétinol. Contre respectivement 45%, 34% et 58% chez les personnes ayant des apports énergétiques normaux.
Un paramètre que l’on observe aussi chez les enfants : une distinction fille / garçon permet d’observer des risques plus élevés chez les filles, notamment pour l’iode (50% de déficience chez les filles contre 33% chez les garçons).
Les populations les plus pauvres sont plus souvent soumises au risque de déficience de par leur déficit alimentaire : un effet du revenu apparait de manière significative pour une douzaine de nutriments. Les populations aux plus bas revenus courent alors systématiquement un risque de déficience plus important (9 % en moyenne).
Une autre distinction apparait concernant la diminution du risque de déficience avec la consommation de compléments alimentaires. L’effet de la consommation de CA est significativement bénéfique chez les femmes pour le béta-carotène, le calcium, le cuivre, le fer, le magnésium, le sélénium, les vitamines B2 B6 B9 C et E, tandis que chez l’homme elle concerne plutôt le calcium, le cuivre, l’iode, le magnésium, le zinc, les vitamines B1, B6, B9, C et E.
L’étude INCA 2 confirme la grande étude SUVIMAX publiée en 2005 qui montrait également des carences d’apport alimentaire en Oligo-éléments Vitamines et des mauvaises répartitions entre les grands équilibres Glucides-Lipides -Protéines.
D’autres études concernant les lipides ont montré les carences d’apport en acides gras polyinsaturés oméga 3 de type EPA et DHA très préjudiciables à la santé cardio-vasculaire et à l’équilibre inflammatoire en ce qui concerne les EPA puisque ces acides gras participent à la lutte contre l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’hypertriglycéridémie et les phénomènes inflammatoire chroniques entre autres.
Une précision importante concernant le DHA est nécessaire car il est considéré comme essentiel, c’est-à-dire devant être absolument apporté par l’alimentation, le corps ayant beaucoup de mal à le synthétiser. Cet oméga 3 participe au bon fonctionnement des cellules cérébrales et toute carence provoquera à terme un vieillissement accéléré avec une baisse des fonctions cognitives (mémoire, attention etc…).